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Écrits

Underground année 01

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MON MAI 68

Facebook mai 2018

MON MAI 68 , JOUR LE JOUR N°1 … Le 7 mai 1968, à 18 h, je suis au croisement st michel-st germain, devant les grilles de Cluny. Y’a des camions de CRS partout autour, et devant … des étudiants qui regardent avec des livres sous le bras, achetés chez Gibert Jeune.
Je sens que ça énerve les escouades à boucliers qui trépignent un peu .Je vais, vite fait, prendre le boulevard jusqu’à l’église de Saint Germain. Faut que j’aille rue Saint Guillaume avant que ça gaze de partout à plus respirer !..J’ai un livre à prendre en bibli… dans deux semaines je dois passer mon Grand Oral devant un jury présidé par Raymond Barre … va pas me faire de cadeau !

MON MAI 68, JOUR LE JOUR N° 2 : Le 9 mai 1968, à 19 h le boulevard Saint germain sent déjà la poudre et les gaz . Je vais manger des spaghettis chez Anne-marie Scherrer, la soeur du couturier, ma meilleure copine. Elle habite sous les toits, c’est minuscule, genre 15 m2, chiottes au bout du couloir. On va bouffer sur les genoux . Il y a là son mec d’alors que je voyais tous les jours à bouffer là le soir, Jean-Marie Rouart , le futur académicien, et ce soir ma future petite copine Gisela, la nouvelle coloc d’Anne-Marie, une beauté pré-raphaèlite qu’ils me jetaient dans les bras … Ce soir, on a tous 24 ans à peine … Sur Europe N°1, les commentaires sont enflammés , ça sent « le Grand Soir ». Avec Rouart, je sens que ça va pas le faire ce soir … On s’engueule de Sartre à Aron . J’embarque Gisela la mignone pour  » aller dans la rue avec les autres », genre « en allant vers chez-moi » – si possible . Au milieu de le Rue de Rennes , un cordon de CRS nous fonce dessus …je sens mes lectures de guy Debord et raoul Vaneigem qui me remontent, comme une remontée d’acide, mais j’ai tout juste le temps de me dire KE-DE-KOI … je me prends un coup de matraque qui fait voler mes lunettes … Dès maintenant , normal ,j’ai plus rien vu ! ni Gisela, ni la Révolution, ni les Mao Spontex! jusque derrière cette porte cochère, je peux dire que la Révolution m’est apparue là, dans les gouttes de sang sur mes pompes de chez Carvil … Le lendemain, je ne sortais plus que dans mes Clarks…
THE TIMES THEY WERE A ‘CHANGIN’ … Demain les barricades (à suivre )

MON MAI 68 . JOUR LE JOUR N°3 . Le 10 MAI : Ce matin au lever , coltar et arcade sourciliaire en feu , je sors de ma chambre de bonne, Boulevard Raspail , et je tombe sur mon concièrge, Jean-Luc, qui est … CRS ! ça ne s’invente pas … il est » personnel de garde « , sorte de réserviste pour les gros coups… Il rigole sur mon oeil bien sûr, mais il me prévient que ça va barder ce soir , qu’ils vont mettre le paquet ! Les camion-vestiaires sont dans le Sénat, cachés dans les deux cours, c’est là qu’ils l’ont convoqué ! Pour lui et moi ce soir, le thème ça va sûrement être : Soirée Baston-Pavé, au coin de la cheminée … à gaz !

MON MAI 68. JOUR LE JOUR N°4. Le 10 MAI (suite) A 17 h, je retrouve Bernard et Annie, mes potes, dans la cour de la Sorbonne occupée. Comme dans les rues des attroupements de discuteurs autour d’un ou deux tribuns qui expliquent comment c’est dit dans les livres de Lénine . Comment faire qu’on fait « monter la mayonnaise » pour créer la Commune de Paris Bis …
Arrive 8 h …J’avais mes Clarks pour courir, mais en ressortant on se rend compte que le mot d’ordre c’est plus courir , mais s’installer .
Dans le petit bout de rue de Vaugirard au coin du Boul’mich, il y a un gars qui tape au sol avec une grande barre-à-mine. Il sort les premiers pavés, Après tous les autres viennent tout seuls, puisqu’ils sont posés côte à côte sur un fin lit de sable (d’où le slogan  » sous les pavés, la plage « ) …. tout le monde se met à aller chercher les tables et les chaises de la terrasse du café d’en face. Et puis on met trois quatre voitures de traviole , histoire de barrer la rue .. Une heure après, ça a vraiment la gueule d’une barricade , en plus petit que dans les livres, en moins professionnel . Mais sur RTL , dans les transistors , ils disent que sur Gay-Lussac z’ont fait une très grande parait-il !…
En 30 secondes on va comprendre : les gaz nous pètent au nez et dans les yeux, on se fait des masques avec nos chemises , même Annie qui se retrouve en soutif ! Là, on sent que ça va chier gros ! Les CRS arrivent en masse par derrière nous depuis le Sénat ! Bon sang, Jean-Luc me l’avait dit !!! … On passe tous vite fait de l’autre côté de la barricade, pas con …et on tient là jusque minuit /une heure. Là ça fatigue et vite on comprend qu’ils vont donner l’assaut final . Ca va être imminent, vu que ça gaze – déluge !!! Faut quitter…
Avant de partir, qu’est-ce que je vois dans le caniveau ??? un martinet ( une sorte d’hirondelle) groggy gazé qui se traîne, ses longes ailes déployées , comme l’albatros de Baudelaire ! Je le prends doucement , le fourre dans ma poche et on détale par la rue Monsieur le Prince. On fait le grand tour par Saint Sulpice . Dans ma piaule, on lui met de l’eau sur le bec, on lui souffle sur les plumes et on le laisse à l’air sur le bord de la fenêtre. Europe 1 et nous, on va pas dormir de la nuit . Les barricades sont tombées, au petit matin c’est plus que des badauds et Paris- Match. Le principal c’est que notre copain l’oiseau survive .Va falloir lui trouver un nom .

MON MAI 68. JOUR LE JOUR N° 5 . LE Dimanche 12 au matin, y’a la queue à toutes les cabines de téléphone. Faut que j’aille appeler les pôtes depuis chez les parents qui sont morts d’angoisse, se tirent les doigts et les cheveux, les pauvres . Parait que c’est à Sciences PO que ça chauffe le plus . J’y coure. Banderole à l’entrée :  » INSTITUT LENINE » (sic) ! Dedans la foule, des tracts aux murs, au sol, partout.. Dans le grand amphi Bouthmy rebaptisé  » Che Guevara « , les commandos de la Sorbonne sont au micro ( que des mecs, pas une nana, écartées volontairement c’est plus que sûr, comme dans toutes les réunions de la LCR ) et ça craque de monde qui parlent tous en même temps …
« Les exams? mais t’as pas compris camarade ? On arrête tout ..!!.ça ne se discute pas, la direction fera ce qu’on lui dit. L’important c’est la Grosse Manif de demain, mec !… Avec les ouvriers, mec !!! à Paris et dans toute la France, ça va être Grève Générale !!!  » …

Sur toutes les radios, Pompidou et De Gaulle :  » La réforme ,Oui… La chienlit , Non !  » ….. Ils sentent bien que le PC et la CGT vont essayer de tout reprendre en main pour pas se laisser déborder par « les petits merdeux d’excités du quartier latin, quartier de bourges .. »..
Mot d’ordre : Manif monstre demain le 13 MAI sur tout Paris , Etudiants-Ouvriers Ensemble. Plus d’essence pour personne, TOUT DOIT S’ARRETER, occupation des usines partout , C’est ça la grève générale, c’est le gros truc bien rouge – bien rouge .
Mes parents font la gueule, c’est ma vie qu’on enterre ! Mais… mais… mon petit oiseau revit , il est sur la tablette de mon lavabo, debout sur ses pattes . Faudrait que je lui trouve des moucherons à bouffer . .C’est LE p’tit truc pas facile. Pas facile du tout .

MON MAI 68 . LE JOUR LE JOUR N°6 . AU SOIR APRES LA MANIF DU 13 MAI . Manif monstre dès midi, rien à dire, de Denfert à République c’est sûr y’avait le million ! de tous de gauche, qu’avaient rien ou un peu compris,des durs et des mous ensemble, mais ça le faisait ! c’était la grosse masse ! Tout ce dont je me souviens que ça faisait Gros-très Gros …. !
Arrivé à hauteur de la Sorbonne , je rentre dans,dedans. Là où ça se passe maintenant, le centre du grand Truc… Et quoi ? c’est Krivine qui parle,qui est là à gueuler devant tout l’amphi depuis deux heures, à reprendre tous les trucs des situationnistes. Il pompe tout ce que je sais déjà ! mais bon, j’ai assez lu pour savoir « qui k’a dit, qui k’a appris, ki ‘ka compris ?. »..Je vois surtout que sur toutes ces gueules qui s’alignent sur le bureau de la LCR à parler du haut du bureau là, il n’y a aucune fille ni femme… Et pourquoi que ? Et que c’est que ??? Quand je reviendrais demain au bureau pour me faire ma carte,. il n’y aura qu’un mec pour me la faire, bien sûr … des couillus, des couillus c’est ce qu’il nous faut pour les barricades !

MON MAI 68, JOUR LE JOUR N°7. Le 15 ,tout s’accélère à l’  » Institut Lénine » – ex SciencesPo . La chienlit, comme dit l’Autre, prend de grosses proportions et la direction, voyant que le diplôme risque d’être dévalué, décide de reporter les exams à Septembre. .Tout le monde a gagné. Zéro à Zéro . Mais moi non … je vais me payer un été entier en bibli, merde alors !!!
Dans la foulée, la Sorbonne se déclare  » commune libre », Nanterre » faculté autonôme ».
Là dans l’immédiat, je me mets en roue libre, je vais voir mon pote Laurent , celui de Cadaquès été 67 , qui fume de tout sauf des cigarettes . Il habite Rue de Rennes, à 100 mètres. Tous les deux, on était super branchés sur la Pop anglaise et les groupes psychés californiens . Il y avait rue Mazarine la librairie « Parallèle » , qui recevait notre bible : l’hebdo anglais « International Times » ( IT ) avec la rubrique Perfume Garden de John Peel. Avec ça, on connaissait tous les disques avant tout le monde, on les commandait chez Pan ou Lido Music, et on se faisait des planètes dans nos chambres de bonnes…. Du coup, là, notre grosse planète c’était la rue . Y’avait pas photo ! Libéré des exams, je me fais unemue de serpent vite fait : Tee shirt Canned Heat, le collier macramé, le pantalon peau de souris, bottines… ya plus que les tifs qui doivent pousser, et vont pas vite !

MON MAI 68. JOUR LE JOUR N°8 . Le 17 , au réveil dans mon quartier de bourgeois, entre sénat et ministères, sur les pierres de taille à refends, voilà que dans les rues ont papillonné des affiches vraiment  » rentre-dedans « , je dirais ! « Pas comme-y-faut  » en tous cas, rien pour plaire vraiment à la pharmacienne et au boucher Roger de Saint-Placide. Toutes – pourtant je remarque – ont un dénominateur commun : encre cheap, sur papier cheap !.. et surtout , faut voir : toutes chient à fond sur le monde de mes dabs et d’à côté, les gens du 6ème – 7ème, voire du 8ème,arrondissement, tous ceux d’ entre ici, Matignon et l’ Elysée.

Laurent Carniol, le ‘freak’ que ma mère n’aimait « pas-trop-vraiment » ( because le look, son genre « olé olé ») et moi, on comprend vite ces affiches qu’on voit partout autour : que c’est du papier, de l’encre et des machines des Arts Déco et des Bozarts, qu’ils ont pas payé les rames, ni l’encre, ni rien… c’est tout la fac qu’a fourni, z’ont tout pris tout volé !

Rue Bonaparte ? …la rue Napoléon faut dire qu’y’en a jamais eu à Paris: il était pas kasher le Napo, plutôt genre Tsar après la Révolution.. mais bon, j’enfourche mes Clarks . Et on y est en dix minutes.

Surprise : là dedans sont tous pas d’accord ! les LCR, les Maos, les Stal’s CGT, les Nanterre, et plein d’autres… Faut vite comprendre de quoi de quoi que c’est qu’il s’agit dont ils s’embrouillent … t’écoutes, comme tout Mai 68 , tu fais que t’as compris , même quand t’as pas… le principal , c’est que t’es là !
Là on regarde des trucs imprimés autour : des rats en noir , un Grand Charles en rouge, tout ça qui sort des machines de sérigraphie . On est contents d’être là.
-« On dérange pas… » comme dirait Céline . Mais on n’imagine pas qu’il y a un problême ! je me sens très con, dépassé par les factions X- – qui se battent avec les Y++ d’ en-face pour des broutilles de psycho-socio- prolo ….
– Toi là,tu dégages ! Toi là, tu restes !

Laurent et moi, qu’on sait qu’on est des bons gars , qu’on vient juste donner un coup de main, qu’on est « pour la révolution qu’y a dehors « ,qu’on est pour, nous, qu’on veut bien mouliner les planches de sérigraphies, si ça peut aider ? nous …. On se propose… Et voilà qu’ils nous prennent, alors qu’on sait rien que de verser du NOIR et du ROUGE dans des bidons !!! Tu parles !
Dans la nuit on se met à fatiguer un peu sur les bidons qu’on fait gratis , pardon patron, on serait bien partis un moment nous deux pour un petit sandwiche, un case-dalle jambon-cornich’ dehors ?…. une p’tite pose, quoi ,quai Malaquais?
Bon ils nous z’ont dit ‘ NIET ‘les Stals, nos « employeurs » :- pas question !!!
 » Les communisses, mec , t’as pas compris bien, j’crois…c’est le TRAVAIL d’abord , tu bosses, tu donnes aux z’autes ok / barre ! et après t’attends…et après on verra ! t’attends, mec ! »

Du coup, mes cheveux longs que j’attendais à la »on verra », ils ont poussé de 10 cm d’un coup ! Et me voilà comme Patrick Juvet, une vraie pédale pour la rue Sainte Anne. J’ai plus qu’à me maquiller ma parole !!

MON MAI 68. JOUR LE JOUR N°9. Le 20, cela fait 4 ou 5 jours que les occupations d’usines ont commencé et on est délà à plus d’un million de grèvites. Partout les « nouvelles » tablent sur la grève générale qui est presque là . Mais sur le Boul’mich les groupes de discuteurs se multiplient . Tout le monde donne son avis, et ça s’enèrve pas mal depuis que le millier d’étudiants qui a été à Renault-Billancourt soutenir les ouvriers s’en est vu barrer l’entrée . En mode très sec,voire violent !
A la CGT, au PC, personne n’en veut de ces jeunes fous complètement dérapés de la Sorbonne .
Et surtout pas les ouvriers qui, aux trois-quarts sont venus bosser depuis leur Maghreb pour nourrir leur famille qui crèche dans les bidonvilles de Nanterre .
Voilà qu’on voit tout clair le shisme qu’on voyait pas venir …

Bien sûr, les caméras de l’ORTF, les radios, les journaux, tous ont compris ça aussi bien et aussi vite ! Tous laissent tomber le quartier latin et vont dans les provinces pour montrer les millions de grévistes qui s’accumulent partout . Le Péril Rouge en marche, la grève générale qui arrive, ça ça fait peur de peur !!!

De Gaulle va dissoudre l’Assemblée . Ya plus qu’à faire voter le peuple : il chie déjà dans ses culottes.
C’est bon, après on va jeter au chien le nonosse : on parle d’accords avec les syndicats possibles si ils ne suivent plus les étudiants …

Au quartier, les CRS cognent moins. Ca gamberge et on multiplie partout les réunions dans les amphis. Et voilà que Barault et son théatre de l’Odéon rentre dans la danse. On veut tous y aller, parce que c’est là que ça chauffe bien rouge et noir ultra libertaire ! Tous les délurés y sont conviés pour  » jouer,
délirer, et créer » ensemble, donc très vite tout le monde est stone de chez stone. Dans les couloirs, le fumoir, la grande salle, partout on passe très vite des problèmes ouvriers-étudiants à des sujets plus urgents : Libération de TOUT, des joints et de la sexualité en premier, bien sûr !
Pour les filles c’est plein de mecs planants là-dedans, et pour les garçons ça pululle de supernanas avec la tête bien en free-wheel comme il faut !

Le mot d’ordre, c’est TRANSGRESSER ! Alors allons-y, interdisons d’interdire!
Les slogans vont vite partir comme des fusées …

MON MAI 68 . JOUR LE JOUR N° 10. Le 24, comment la Nuit Rouge fût toute noire pour moi . 8 millions de grévistes : pour une Générale, là ça faisait 2 de plus qu’en 1936 ! Les syndicats et le Pc avaient à l’évidence récupéré la révolte pour se suffire de quelques avantages sociaux à arracher aux accords promis par la Rue de Grenelle.
Chahuts à répétition à la Sorbonne … Pas question !!!!
Dans les amphis, ce qu’on enterre c’est le Vieux Monde des parents : gros discours intellos sur  » Révolution et psychanalyse » ou  » Le Monde-à-Naître  » …
Dans la cour, il y en avait qui en avaient marre d’attendre, des très-très excités qui voulaient la guerre totale à l’Etat maintenant, là tout de suite ! On les appelait « les Katangais »  » parce qu’ils hurlaient comme des congolais en brandissant leur poing comme une machette (en plus violents alors et en vraiment armés jusqu’aux dents, ce que sont les Black Blocks aujourd’hui).
Je sentais bien que la poudrière n’allait pas tarder à faire un gros feu d’artifice !

En allant dans la manif de l’Unef sur Saint Michel, je voyais que là par contre c’était pas trop le genre de pousser à la castagne. Donc je rentre me reposer un peu. Mais, toussant et fatigué, je m’endors …10 bonnes heures. Me voilà donc dans le noir total,quand éclate la nuit la plus rouge de tout le mois de Mai….

Au matin, j’avais les images de l’ORTF sur tous les téléviseurs de toutes les vitrines de la Rue de Rennes ! On voyaitt des voitures calcinées partout, même des retournées, des barricades de pavés hautes de plus de 2 mètres et des empilades de tout et n’importe quoi, des chaises, des madriers, des panneaux publicitaires …dans tout le quartier, sur le Boul-Mich, rues des Ecoles et Gay-Lussac…
Et j’avais raté tout ça !!!

J’ai traversé en courant tout le Luco et, en arrivant sur place j’ai  » vu-le-travail  » comme on dit . ! J’avais mal au coeur d’avoir été malade, un comble …

Pour m’achever, cette phrase écrite sur le mur de la gare du Luxembourg :

« Camarades, en barrant la rue vous ouvrez la Voie ! »

MON MAI 68 . JOUR LE JOUR N° 11. LE 26, je m’inquiète pour mes exams…faudrait-y que je m’inquiète un peu, que c’est béton tousskydisent ??…..
Quand je vais à SciencesPo, le mot c’est :  » T’inquiètes mec, ça se fera en octobre » et quand je rapporte ça aux parents, ils vont se tordent la viande du ventre de partout. Se faire un sang d’encre, un bien noir de noir ! que c’est la fin du monde,
Que c’est écrit dans Paris- Match, regarde Robert, on n’invente rien !!!

Bon sang, moi j’ai tellement honte qu’ils m’aient affublé de ce malheur de nom à la con de  » Robert « , que je ne m’y ferais jamais, ni les filles non plus, pareil nom, qu’est-ce qu’il leur a pris ?? !
Tout en moi perd toute importance, et en premier lieu la Destinée du Monde ! Ce que je vois moi, du haut de mes années de sexe qui n’en peut plus, c’est la destinée de ce  » petit-petit  » poulaillier des poulettes que je vois si jolies et qui se sauvent de moi, que ça va jamais le faire de me mettre avec une, comme papa maman !

A quoi tient la vie? elle semble programmée quoi qu’il se passe, même au travers des imprévus ..; et pourtant !

Moi, à ce moment précis, je ne vois qu’une chose : les filles sont un maximum libres. et moi j’en fais rien , le con …
Les autres tous me disent : « Tu vas dans la cour de la Sorbonne, t’arrives, tu dis « Foucault « , tu baises le soir même ! Quoi tu baises ? une mini jupe plissée
écossaise,et un pull extra court en shetland, t’as que ça à enlever ! « 

Et finalement après tout ça, tu reproduis copié-collé le sexe bourgeois d’avant !

Je me vois là, resté encore très con, loin, très loin, très derrière … Before les explosions de sexe en dimensions sidérales qu’on voyait dans les dessins de Druillet ou les cris qui hurlaient la jouissance refusée au clitoris de Janis Joplin !

MON MAI 68. JOUR LE JOUR N° 12. Le 30 Mai, dans le hall de Sciences Po, l’annonce est officielle, il y aura un vrai examen et un vrai jury pour un vrai diplôme fin octobre .
Parce que la direction a bien vu que partout dehors, ça s’était sérieux calmé.
Parce que pour finir tout ça, tout cet ouragan de mois de Mai , il restait quoi ?

D’un côté, il était né un PSU avec Michel Rocard . Faire tout bien, en prenant son temps, sans s’exciter avec les accords krasuky-Chirac de Grenelle, voilà voilà comme le grand Zorro sanss’presser, molo molo …

De l’autre, ils continuaient le merdier boum-boum . Et alors ils sont sortis de partout . Sur les scènes des festivals, tout plein de mecs aux cheveux longs, certains gras du bide déjà, d’autres avec des yeux au beurre noir, tous bien « chargés » à venir crier dans les micros au milieu des guitares vrillées en larsen’s. Fallait, fallait c’est sûr, faire « révolté », continuer à crier !!!…

Après, pour faire grâve plus révolté, les cheveux on se les ai rasés, ou coupés exprès-mal, ou colorés rouge vert jaune , et finalement gominés en crêtes de coqs .

Et puis après les tatouages (tous-les-mêmes maoris), les anneaux à l’oreille (idem) , les trous aux genoux (tiens-toi-aussi ?), on a encore et toujours fait « déguisé-révolte ». Et voilà que c’est l’Anniversaire. Mon Doux Jésus pince-moi, 50 ans !!!!!

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